L'enquête en est au point mort, le maire de Salem essayant d'étouffer au maximum cette affaire qui l'embarrasse beaucoup. Néanmoins, au sein de la communauté sorcière, tout le monde sait que le corps qui a été retrouvé par le joggeur est celui d'un sorcier de sang pur. Ils ne savent pas de qui il s'agit et ignore complètement qui peut être le coupable. Bien évidemment, la plupart des sorciers soupçonnent un humain bien informé et particulièrement hostile d'avoir fait le coup.


La plupart du temps, les sorciers mènent une vie normale, semblable à celle des êtres humains. Ils essayent de ne pas faire usage de leurs pouvoirs en public si ceux-ci ne sont pas suffisamment discrets. Ils ne les emploient donc qu'à l'abri des regards indiscrets. Mais tous les soirs de pleine lune (c'est-à-dire environ une fois par mois), les sorciers organisent un sabbat afin de se réunir et de pouvoir agir en toute liberté.


Un sabbat est une réunion de sorcellerie organisée les soirs de pleine lune. Elle a lieu en pleine nuit, au beau milieu de la forêt de Salem, dans un cercle de protection normalement impénétrable pour un être humain (sauf s'il s'agit d'un demi-sang). Les sabbats ressemblent à de grandes fêtes au cours desquelles les sorciers prennent des décisions importantes concernant leur communauté.


Les tensions entre les sangs purs et les demi-sangs sont plus ou moins fortes en fonction du tempérament de chaque individu mais elles sont présentes malgré tout. Il n'y a pas de véritable tension entre les sorciers salémites et non salémites. Disons plutôt que les sorciers qui ne sont pas nés à Salem ne comprennent pas toujours le fonctionnement de la communauté sorcière salémite, et plus particulièrement l'attitude de méfiance des sorciers vis-à-vis des humains.


Le maire a vraiment voulu prouver aux habitants et aux nouveaux venus que la sorcellerie n'existait pas et qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Selon lui, le procès qui s'était tenu en 1692 dans sa ville n'était autre que le résultat d'une crise d'hystérie collective. Même si la plupart des habitants croient sur parole le maire de leur ville, tous ne sont pas convaincus. Certains ont simplement des doutes, d'autres sont de véritables spécialistes, des espèces de « chasseurs de sorciers » confirmés qui possèdent, chez eux, de nombreux grimoires à propos de la sorcellerie. Bien sûr, ces derniers ne constituent qu'une faible portion de la population salémite et veillent à garder leurs savoirs pour eux.


Les chasseurs ont trouvé des méthodes très diverses et variées pour chasser les sorciers. Celles-ci peuvent être tout à fait archaïques comme elles peuvent être à la pointe de la dernière technologie. Comme les sorciers sont semblables en tout point en apparence aux humains, les humains ont dû trouver d'autres techniques pour les dénicher. Le moyen le plus simple de trouver un sorcier est de faire appel au don d'un demi-sang humain, qui est capable de ressentir la présence d'un sorcier à proximité. Une autre méthode pour les repérer est un petit outil appelé Orlan. C'est une boussole qui, au lieu d'indiquer le nord, indique la position du sorcier le plus proche. Néanmoins, quand il y a de nombreux sorciers réunis au même endroit, la boussole s'affole et devient inutile. Pour blesser gravement ou tuer un sorcier, les méthodes sont peu nombreuses : (1) un chasseur peut utiliser du sel, qui provoque de graves brûlures sur la peau des sorciers et peut même les tuer s'il est en trop forte concentration ; (2) pour emprisonner un sorcier, un chasseur peut utiliser une cage d'argent, ce matériau étant particulièrement irritant et corrosif une fois en contact avec la peau d'un sorcier ; (3) un chasseur peut tuer un sorcier et éviter qu'il ne renaisse sous une autre forme en lui enfonçant un pieu en bois dans le coeur ou en le brûlant.


Les sorciers ont une espérance de vie plus longue que les êtres humains, mais pas infinie. Généralement, ils peuvent vivre jusqu'à 150 ans en moyenne. Avant d'avoir atteint l'âge de cent ans, ils sont relativement vigoureux et il est assez difficile de les tuer. Les deux seules méthodes connues actuellement pour mettre fin à la vie d'un sorcier sont : (1) un pieu en bois enfoncé dans le coeur ; (2) le bûcher. Si le sorcier est assassiné d'une autre manière, après avoir été plongé dans un coma plus ou moins long (en fonction de la gravité de ses blessures), il peut revenir parmi les vivants.


Autrefois, la sorcellerie était associée au diable. On pensait qu'un sorcier était une personne tout à fait normale qui avait signé un pacte diabolique pour obtenir des pouvoirs magiques. Les sorciers, eux, savent qu'ils n'ont aucun lien avec le diable et qu'ils sont tout simplement nés « ainsi », avec des pouvoirs hors du commun. En 1692, les habitants de Salem vivaient dans la peur quotidienne de voir un jour apparaître le diable dans leur maison et d'être soumis à la tentation de pactiser avec lui. Assister, de plus en plus souvent, à des phénomènes étranges, les a conduit jusqu'à la panique, qui les mena, finalement, au procès des sorcières de Salem et à la série d'exécutions (de sorciers comme de non sorciers) qui lui est associé.


Évidemment, non. Néanmoins, les sorciers qui ont eu un membre de leur famille directement touché par le procès se montrent plus méfiants vis-à-vis des humains, voire hostiles, mais ils évitent malgré tout de s'afficher. Le mot d'ordre reste, avant tout, la discrétion.